Du 03/06/2008 
  L'héritage d'Eric Tabarly, dix ans après sa disparition

  Il y a dix ans disparaissait Eric Tabarly. La ville de Lorient rend aujourd'hui hommage au navigateur avec l'inauguration le 17 mai de la Cité de la voile.
  Il commence sa carrière au cours d’une Whitbread avec Eric Tabarly. Depuis, il n’a cessé de multiplier les expériences dans le monde de la voile. Il enchaînera avec deux coupes de l’America et quelques transats comme la Lorient-Saint-Barth qu’il gagnera avec Michel Desjoyaux.

  
  
  C'était il y a très exactement dix ans, fin mai 1998. Eric Tabarly avait pour la première fois de sa vie demandé à Jacqueline, sa femme, de lui organiser une fête, chez lui, à Bénodet, avec tous ses amis. Pas une fête pour lui, évidemment. Le marin, en dépit de sa notoriété, avait trop de modestie pour imaginer semblable autocongratulation. Non, ce qu'il fallait célébrer toutes affaires cessantes, c'était le centième anniversaire de la naissance de son cher « Pen-Duick », premier du nom, issu d'une série de voiliers mythiques dus à l'architecte britannique William Fife. C'était le bateau de son enfance, sauvé et restauré de ses mains, entretenu et bichonné comme seuls le sont les objets souvenirs sans lesquels votre vie ne serait plus ce qu'elle est. Sous une grande tente, au bord de l'Odet, nous étions une petite centaine, ce samedi 30 mai, des coureurs des mers, des amiraux, des médecins, des avocats, des hommes d'affaires, des banquiers, des journalistes, tous « voileux » en tout cas, à avoir eu la chance de croiser la route d'Eric et à ne plus avoir lâché son sillage. Ce jour-là, Tabarly, faisant fi de sa réputation de taiseux, s'est même essayé à un discours et a offert un bouquet de fleurs à Jacqueline, ce qu'il n'avait pas dû songer à faire depuis leur mariage.

  Cette fête, insistait-il, ce n'était pas le triomphe de celui que les Français avaient mis en tête de leur sportifs préférés, ni même son jubilé de marin revenu de tous les océans, vainqueur de tant de courses, couvert de tant de lauriers. C'était juste l'anniversaire de son « Pen-Duick », le vieux bateau à belle allure mais un peu démodé, qui, au milieu de tous ceux, magnifiques, performants, sublimes, qu'il avait barrés ou possédés, restait pourtant son préféré. Ce fut aussi le point d'orgue de sa vie. Treize jours plus tard, la traîtrise d'une saute de vent le faisait passer par-dessus bord de « Pen-Duick », lors d'une manoeuvre d'une triste banalité.

  De son vivant, Eric Tabarly appartenait déjà un peu à notre patrimoine maritime. Aussi était-il sans doute naturel que, dix ans après sa disparition, sa vie, ses recherches, ses plans, ses dessins, ses bateaux, et d'abord son « Pen-Duick », deviennent, grâce à la Cité de la voile qui porte son nom, un chapitre exceptionnel de l'histoire nautique contemporaine, que tous ceux qui passent par Lorient pourront désormais feuilleter

   Hommage de Jacques Caraës pour les 10 ans de la disparition d'Eric Tabarly
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