Le kroaz-du, la croix noire, est peut être
le plus ancien drapeau breton.
De nombreux drapeaux arborant une croix datent du XIIe siècle.
Au départ de la troisième croisade, en 1188, on attribua ainsi la croix
rouge aux Français, la croix blanche (sur fond rouge) aux Anglais, et
la croix jaune aux Flamands. Même si aucun texte de l'époque ne fait
mention de la croix noire des Bretons, on peut estimer que ce drapeau
date de cette époque.
On retrouve aussi ces croix sur le drapeau des ports
d'embarquements: le drapeau marseillais porte ainsi une croix d'azur.
L'origine de l'hermine
Les blasons étaient à l'origine des écus: des boucliers
qui permettaient de protéger le guerrier. C'est à l'époque des croisades
que l'on s'est mis à les peindre ou bien à les recouvrir de fourrures.
Les animaux dont on se servait pour orner ces écus étaient principalement
l'hermine et l'écureuil (vair).
L'hermine est un animal proche de la belette. Les
romains classaient toutes ces charmantes petites bêtes, comme la marmotte,
dans la catégorie des rats! Cet animal portait alors le nom latin de
mus armenia: le rat (ou la souris) d'Arménie. L'origine
de l'hermine est donc arménienne! En ancien français, ermin désignait
aussi bien l'arménien que l'hermine.
Le pelage de l'hermine est brun-roux l'été et devient blanc
l'hiver (dans les régions froides): seul le bout de la queue reste noir.
On cousait les peaux côte à côte et on plaçait au milieu de chacune
la queue fixée par trois barrettes disposées en croix.
Puis on s'est mis à représenter les décorations des écus:
l'hermine ne désignait plus seulement la fourrure mais aussi cette représentation
formée du bout de la queue (appelée plus précisément la moucheture d'hermine)
et des trois barettes.
L'hermine ainsi stylisée devient alors un emblème d'héraldique que l'on
retrouve dans les armes de plusieurs familles de la noblesse féodale.
L'hermine-plain
Dans le régime féodal, l'aîné héritait du blason paternel. Mais les
autres enfants devaient briser les armes: ils ajoutaient une brisure
(un signe distinctif). Ainsi, les Dreux avaient pour blason un échiqueté
avec une bordure. Pierre Mauclerc, le cadet, a brisé le blason avec
l'hermine. Il devait commencer à porter ces armoiries vers 1209.
Et c'est à son cousin, Pierre Mauclerc de Dreux, que le roi de France
donne le trône ducal de Bretagne. Il emporte alors avec lui son blason.
L'emblème de la Bretagne est donc d'origine drésoise!
En 1316, le duc de Bretagne, Jean III, change d'armoirie: il retire
l'échiqueté et la bordure: la brisure d'hermine devient les pleines
armes du duc de Bretagne.
Le gwenn-ha-du
Ce drapeau a été dessiné au début du XXe siècle, en s'inspirant
du blason de Rennes et de la bannière étoilée des Etats-Unis. Les américains
ont le stars and stripes, les bretons, le gwen ha du: littéralement
blanc et noir. C'est la bannière herminée! Les bandes (stripes) du drapeau
américain représentaient les 13 états unis à l'origine, de même les
bandes du drapeau breton représentent les 9 anciens évêchés:
- les 4 bandes blanches pour la Bretagne bretonne
ou Breizh
- les 5 bandes noires pour la Bretagne gallaise ou
Bertaèyn
En gallo, le drapeau breton porte le nom de Blanc e Neirr.
Le nombre d'hermines (11) n'a pas de signification particulière:
mais on peut lui en trouver! Par exemple, les saints de Bretagne: il
y a déjà les 7 saints du Tro Breizh... il en reste 4 à trouver!