Du 31/03/2008 
 Bruno Sroka. Le cap Horn en kitesurf
  Cette semaine, le Brestois Bruno Sroka va tenter de franchir le cap Horn en kitesurf. Une première mondiale. « Être seul dans des endroits hostiles où personne ne va, me procure un sentiment de liberté très fort », dit-il.


  Mais qui est donc ce Sroka qui ose défier le plus mythique des rochers en kitesurf, modeste petite planche de surf tractée par une aile ? Les cap-horniers, ceux qui affirment que le « cap dur » se mérite, qu’il faut d’abord se farcir les deux océans, l’Indien et le Pacifique pour avoir le droit de « pisser au vent », pourraient crier à l’imposture. À quoi bon car cela fait belle lurette que le commun des mortels peut, moyennant quelques dollars, s’offrir le passage Horn sur un voilier de charter.
« J’aime me lancer des défis »
De ces vieilles traditions maritimes, Bruno Sroka (31 ans) n’en a cure. Ce Brestois d’adoption se fiche pas mal du « qu’en dira-t-on ». Personne n’empêchera ce grand gaillard, qui fut, en 1999, l’un des premiers, avec Fabienne d’Ortoli, à se mettre au kite sur les côtes bretonnes, à courir après ses rêves.

  À se fixer des défis et à monter des projets ambitieux. C’est même, dit-il, son péché mignon : « J’aime me lancer des défis et j’ai vraiment du mal à refuser de nouveaux challenges... » Surf, planche à voile, parapente, wakeboard : ce waterman (homme de l’eau) a besoin de sensations fortes, d’adrénaline. Il a essayé le foil en kite et imaginé le kite en tandem.

  Champion du monde 2007
  Quant au cap Horn, ça fait un moment qu’il en rêve. Deux ans très exactement qu’il s’imagine devenir le premier kitesurfeur à franchir le point le plus au sud de l’Amérique. Récemment, il a décidé d’y aller plus tôt que prévu car deux Belges sont également sur les rangs. Mais Sroka veut être le premier, lui qui a tant œuvré pour son sport fétiche. On lui doit notamment un DVD d’apprentissage sur le kite, sport en plein essor mais qui peut s’avérer dangereux sans une formation préalable. De 2001, année de ses débuts en compétition, à 2007 où il est devenu champion du monde - « L’un de mes rêves »-, d’Europe et de France, sa notoriété est allée grandissante dans le milieu des sports de glisse. Au point de faire la Une des magazines spécialisés, d’avoir le privilège de parcourir le monde aux frais de la princesse et de naviguer sur les plus beaux spots de la planète.

  Pas qu’un engin de plage
  « Mais le cap Horn m’a toujours fait rêver : c’est un endroit magique, chargé d’histoires. C’est mythique ». Bruno Sroka n’est pas un grand navigateur. Il le sait. Son projet, dont le budget s’élève à 60.000 €, est plus personnel : « Je veux aussi montrer que le kitesurf n’est pas qu’un engin de plage ». Pas homme à faire les choses à moitié, il a choisi d’aller au bout du monde pour le démontrer. « Allez au bout de la terre, c’est aller au bout de ses rêves ».

  200 km entre Pacifique et Atlantique
  Le kitesurfeur brestois ne se contentera pas de quelques bords devant le rocher mythique. Au menu, 200 km entre Pacifique et Atlantique, soit de six à dix heures de navigation non-stop.

  D’où comptez-vous partir ? Il n’y a pas de point de départ à terre mais un point GPS, sorte de ligne virtuelle de départ, en mer, devant Puerto Williams, base militaire chilienne. Je pense naviguer à 3-4 milles des côtes. En effet, il ne faudra pas que je reste trop près de la côte car il y a des falaises et cela risque de déventer mon aile. Je compte m’élancer du Pacifique, côté ouest, parcourir 100 km, franchir le cap Horn et remonter 100 km en Atlantique.

  Serez-vous suivi par un bateau-accompagnateur ? Un voilier sera présent mais sa vitesse maxi est de 10 nœuds. Or, selon les conditions de vent, j’avance entre 15 et 20 nœuds en kite. Heureusement, on a réussi à obtenir le soutien de l’armée chilienne qui nous suivra avec une vedette rapide. À bord, il y aura un cameraman et un photographe.

  Combien de temps espérez-vous mettre pour avaler cette longue distance ? Tout dépendra des conditions météo mais je table sur une navigation comprise entre six et dix heures. Pour y parvenir, je me suis entraîné dur depuis plusieurs jours sur la côte nord bretonne, entre Plouguerneau et Ploudalmézeau. Chaque jour, j’avalais 50-60 km, plus les séances de musculation. Physiquement, c’est un vrai défi car les conditions peuvent être mauvaises au Horn. Je compte m’élancer le 3 ou le 4 avril.

   Voir le site de Bruno Sroka : http://www.brunosroka.com/